Les meilleures pochettes d’album de l’année

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Les meilleures pochettes d’album de l’année

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Les plus belles cover de l'année
Les plus belles cover de l'année
© Getty

Garanti 100% sans intelligence artificielle (enfin, on sait jamais).

L’année 2024 a été un peu particulière pour nos amis graphistes, photographes et illustrateurs, puisque l’Intelligence Artificielle a fait une entrée fracassante dans notre quotidien, et probablement mangé les parts de marché de nombreux créateurs de visuels. Le petit monde du rap français a été particulièrement touché, et si l’on jette un œil aux covers du petit millier de projets sortis cette année, on se rend compte que beaucoup utilisent des visuels que l’on pourrait a minima qualifier de douteux.

Heureusement, les vrais créatifs avec des idées originales et un savoir-faire humain existent encore, on fait donc un petit bilan des pochettes d’albums / projets les plus fascinantes de l’année.

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Dany Dan et Kyo Itachi - Pièces Montées

Dany Dan et Kyo Itachi - Pièces Montées
Dany Dan et Kyo Itachi - Pièces Montées

Peu de rappeurs ou beatmakers peuvent poser une chèvre (Goat en anglais, pour Greatest Of All Time) en cover d’album sans paraître ridicules ou présomptueux. Dans le cas de Dany Dan et Kyo Itachi, personne n’a bronché ou émis la moindre réclamation, signe que les deux artistes jouissent d’un statut d’intouchables. L’idée de mettre en scène deux biquettes ne vient d’ailleurs pas d’eux, mais de Fifou, qui a géré toute la direction artistique de la cover, et qui a engagé un véritable dresseur de chèvres (oui, c’est un vrai métier) pour un résultat plus authentique qu’un simple montage photoshop.

Nayra - Talwit

Nayra - Talwit
Nayra - Talwit

Une photo qui évoque certainement un moment de torture pour les phobiques des aiguilles, et qui ne sera donc pas plaisante à regarder pour tout le monde, mais c’est le jeu avec Nayra : son univers visuel comme sa musique sont clivants. Sereine en pleine séance de tatouage sur le visage, la rappeuse profite de la cover du EP Talwit pour revendiquer une fois de plus son héritage culturel berbère. Pour les plus curieux, un court extrait vidéo de la session tatou est en ligne.

Max D.Carter - Dans la salle de bains de Samantha Jones

Max D.Carter - Dans la salle de bains de Samantha Jones
Max D.Carter - Dans la salle de bains de Samantha Jones

Trop peu de covers d’albums mettent en scène un bidet, on salue donc Max D.Carter pour ce choix éclairé qui nous rappelle qu’une bonne hygiène, ça passe d’abord par avoir le cul propre.

Kalash Criminel - Bon Courage

Kalash Criminel - Bon Courage
Kalash Criminel - Bon Courage

Se faire enterrer vivant est potentiellement l’une des pires morts possibles. En toute logique, Kalash Criminel nous propose donc de vivre cette expérience par procuration, en nous offrant le point de vue de la victime sur le point de recevoir une pelletée de terre sur le groin. Pour ne rien arranger, les silhouettes cagoulées qui assistent au spectacle sont particulièrement menaçantes, y compris celle du bambin tenu dans les bras par Crimi : on sent clairement qu’il est venu pour jeter de la terre dans le trou, ou pire, pour pisser sur la victime agonisante. Bien éduquer un môme, ça passe aussi par ce genre de petite expérience de vie.

2C & Tali - Douter n’est pas une option

2C & Tali - Douter n’est pas une option
2C & Tali - Douter n’est pas une option

Un visuel qui sent bon les années 2000, avec ses images un peu trop nombreuses superposées sur photoshop et ce léger sentiment de surcharge d’informations (les dés, la voiture, le panneau “Lille”, le moneyphone, le ciel étoilé, la devanture, etc). On se croirait presque chez Néochrome, d’autant que même le titre du projet, "Douter n’est pas une option", sonne très rap de rue de la deuxième moitié des années 2000. On pourrait presque y voir une inspiration Pen&Pixel, avec un léger goût pour la démesure représenté par ce moneyphone qu’on voit généralement très peu dans l’imagerie des rappeurs français, mais l’ensemble est contrebalancé par ce noir et blanc très sobre, qui ajoute une touche de sérieux.

Busta Flex - TCLV

Busta Flex - TCLV
Busta Flex - TCLV

Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. Avec une cover qui ressemble à une simple capture d’écran Google Maps de son quartier d’Epinay-sur-Seine, Busta Flex a su à la fois rappeler qu’il était l’un des rappeurs historiques du 93, affirmer qu’il était toujours attaché au code postal qu’il revendiquait déjà il y a 25 ans, et placer subtilement tous les titres de sa tracklist. Si vous avez deux minutes à perdre, il est même très facile de retrouver l’emplacement sur Maps (et si vous avez la flemme de chercher : c'est ici).

Jeune Observateur - Fuir les ombres

Jeune Observateur - Fuir les ombres
Jeune Observateur - Fuir les ombres

Grand prix 2024 de la cover la moins angoissante de l’année. Pas du tout angoissante. Pas du tout, du tout.

Theodora - BAD BOY LOVESTORY

Theodora - BAD BOY LOVESTORY
Theodora - BAD BOY LOVESTORY

La Boss Lady a changé de statut en 2024, et la sortie de son projet "BAD BOY LOVESTORY" début novembre est venue concrétiser cette progression spectaculaire. Pour la cover, la chanteuse s’est appuyée sur le travail de Léo Esmaili et d’Helvetico Thin Bold, pour un résultat qu’on pourrait a minima qualifier d’audacieux. Entre la fourrure rose, les mannequins décapités, et l’expression des deux acteurs dans le fond, tout est très chaotique et on n’arrive jamais à une conclusion définitive à la question : qu’est ce qu’il se passe, bordel ? Si vous voulez ajouter une dose de WTF, l’actrice que l’on voit dans le fond, Claudine Bertin, passe actuellement à la télé dans une pub de prévention contre Alzheimer.

Youri - Enfermez-moi

Youri - Enfermez-moi
Youri - Enfermez-moi

Kaaris avait le chien de l’enfer à deux têtes, Youri fait mieux, puisque non seulement le canidé est tricéphale, mais en plus, il tient le diable dans l’une de ses gueules. L’église en flammes en arrière-plan vient magnifier le tableau, on est donc face à l’un des visuels de l’année, et c’est signé Lolie Darko, une artiste qui aime visiblement les chiens enragés et les flammes (elles ont une place prédominante dans une grande partie de ses tableaux).

Tedax Max - Hardeur Contemporain

Tedax Max - Hardeur Contemporain
Tedax Max - Hardeur Contemporain

C’est signé Hazem the architect, qui a déclaré au sujet de ce visuel que l’objectif était d’aller “as hard as we can”, et a priori, l’objectif a été parfaitement rempli.

Stavo - Il était une fois

Stavo - Il était une fois
Stavo - Il était une fois

Existe-t-il plus belle vision que Stavo en soutane blanche au coin du feu, en pleine forêt, en train de lire des histoires à des gosses qui semblent être là sous la contrainte et qui vont probablement être sacrifiés à la fin d’un conte qui ne se termine pas par “ils vécurent heureux et eurent beaucoup de marmots” ?

Stavo - Éviter la misère

Stavo - Éviter la misère
Stavo - Éviter la misère

Beaucoup de questions au sujet de cette cover : les adultes face à Stavo sont-ils les enfants du visuel d’Il était une fois, qui n’ont donc pas été sacrifiés et ont grandi ? Le feu s’est-il éteint entre les deux photos, ou a-t-il été alimenté continuellement ? Comment Stavo le blanc est-il devenu Stavo le noir ? Qu’est ce que Stavo est en train de lire ? Un journal ? Une notice de montage Ikea ? Les plans d’une banque ?

Nemavo - Chrysalide

Nemavo - Chrysalide
Nemavo - Chrysalide

Rien ne va, les superpositions de couleurs et de textures n’ont aucun sens, les ailes de papillon semblent avoir 2000 ans, même le chien est affreux, personne ne comprend le projet, et c’est ce qui rend cette cover absolument géniale. Petit bonus : la version physique du projet existe, donc si vous voulez afficher cette œuvre d’art dans votre salon, c’est tout à fait possible. On vous renvoie d’ailleurs vers l’ensemble de la discographie de Nemavo, un grand habitué des visuels “qui sortent de l’ordinaire” et un grand amoureux des chiens (dans un genre différent, la cover de Soucoupe Volante Extraterrestre Vol.1 est elle aussi géniale).

Sazamyzy - Dangereuse Famille

Sazamyzy - Dangereuse Famille
Sazamyzy - Dangereuse Famille

L’univers de Sazamyzy a toujours été un peu à part, entre références explicites au grand banditisme et amour de la déconne (le clip de Mr Sazamessi et cette apparition surprise de Mickey, par exemple). Il était donc le sujet idéal pour le peintre suisse Ricow, un artiste au style très coloré, qui a pu se faire plaisir en mariant ses visages caractéristiques, ses lignes abruptes et ses fonds bariolés avec le goût prononcé des armes de Saza. Pour les amateurs d’art pictural, le cas de Ricow est assez intéressant à suivre, puisqu’il a commencé par l’abstrait avant d’évoluer vers le figuratif et de définir un peu plus précisément son univers au fil du temps.

Noham - Haine pour Noham

Noham - Haine pour Noham
Noham - Haine pour Noham

Dans l’idée, la cover de "Haine pour Noham", réalisée par Thomas Mynr, pourrait se rapprocher de celle citée juste au-dessus, avec beaucoup de couleurs et un visage compartimenté. Le style n’est cependant pas le même, avec une texture épaisse et donc plus de relief et un ton très différent, plus abstrait, mais aussi plus émotionnel. Elle est aussi intrigante : la longue trace de peinture rouge qui dégouline du front de Noham représente-t-elle le sang qui jaillit après que le rappeur ait pris une balle dans le front ? On va peut-être trop loin dans l’interprétation, mais c’est aussi ce qui fait que la cover retient l’attention.

Zek - Localisable

Zek - Localisable
Zek - Localisable

Après huit années de coma artistique, Zek savait qu’il était attendu au tournant par ses supporters. Guidé à la fois par l’idée de se faire plaisir, et par celle de livrer un objet de qualité, il a donc fait produire de véritables VHS par le designer/graphiste Sébastien Le Gall. Le résultat, c’est un joli petit hommage à ces cassettes que les plus de trente ans ont usé pendant leur jeunesse, en n’oubliant jamais de les rembobiner une fois arrivés au générique de fin. Si ça vous intéresse, le processus de création de la pochette est en ligne.

Sch - JVLIVS III : Ad Finem

Sch - JVLIVS III : Ad Finem
Sch - JVLIVS III : Ad Finem

Beaucoup considèrent "JVLIVS III" comme l’album de l’année, et on a beaucoup de mal à leur donner tort. Productions ambitieuses, esthétique léchée, textes empreints d’émotion, de nostalgie et noirceur, l’ensemble est un véritable travail d’orfèvre, magnifié par une cover qui fait directement référence à Scarface, sans pour autant négliger l’imagerie plus gothique de l’univers JVLIVS. C’est vrai que ça aurait été con de faire un album aussi classieux et de balancer une cover complètement ringarde. Bien joué, le S.

Le Juiice - NOUS ART : Masterpiece

Le Juiice - NOUS ART : Masterpiece
Le Juiice - NOUS ART : Masterpiece

En plus de s’être imposée comme l’une des rappeuses numéro 1 en France, Le Juiice fait aussi partie des artistes les plus inventives sur le plan visuel. Après avoir déjà marqué les esprits avec la cover d’"ICONIQUE", elle a réitéré cette année en faisant appel à Obou Gbais, artiste ivoirien à l’univers très reconnaissable, avec notamment ces personnages au visage allongé que l’on retrouve dans une grande partie de ses œuvres. L’hybridation entre art contemporain et cultures traditionnelles, caractéristique de son travail, correspond plutôt bien à l’univers musical de Le Juiice, qui s’est en partie réinventée avec "Nous art : Masterpiece".