Dans le cours : Réussir sa start-up

Se positionner

Ah voilà, nous allons passer un peu de temps sur le thème fondateur par excellence, la conception de l'offre de valeur. La méthode, c'est important, mais un excès de technicité pourrait nuire à votre créativité au début. Alors je vais éviter pour le moment d'aller trop sur ce terrain. Dites-vous que l'émergence des premières idées et les conversations enflammées de l'équipe au départ sont une émotion précieuse. C'est cette part, précisément, cette part d'émotion, qui va servir plus tard de connexion avec vos clients et acheteurs. Alors faites-vous plaisir. Imaginez votre produit aussi spontanément que possible. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs, s'il y a tant de légendes, de produits dessinés dans un moment improbable sur la nappe en papier d'un coin de table au restaurant, c'est que nos fulgurances, de celles, bien sûr, qu'on improvise en toute liberté, ces fulgurances-là, elles font du bien. Il faut préserver cela. Respectez les étapes. Dans l'entreprise pourtant cotée au Nasdaq et florissante dans laquelle j'ai travaillé à Boston, je me rappellerai toujours : il se trouvait dans le hall d'accueil, un tableau encadrant précisément ce bout de nappe déchirée, histoire de conserver la mémoire de ce feu sacré qu'il faut entretenir, et en tout cas ne jamais oublier. Par exemple, je vous suggère de vous délester d'un frein psychologique que je ne connais que trop bien pour aborder la réflexion produit. Ne pensez pas à son coût de développement final. Dans l'exercice d'idéation, évacuez ce sujet. Le meilleur exemple, c'est Andy Gove, le CEO d'Intel. S'il s'était arrêté aux coûts astronomiques impliqués par la fonte des processeurs, Intel n'existerait pas. Si vous avez une conviction chevillée au corps, elle sera l'élément décisif pour tenir la barre et lever des fonds. Mais bon, inversement, ne prenez pas l'argent, surtout si c'est encore de l'argent virtuel qu'il reste à investir, comme une béquille susceptible de résoudre les insuffisances de votre offre, en éduquant votre marché par exemple. Ça, c'est la meilleure recette pour carboniser vos fonds propres. Si la demande est forte et bien identifiée, l'argent ne sera en tout cas pas un problème. Alors, vous voyez, bon, je commence évidemment en douceur à canaliser votre imagination. Gardez-la débridée au début, mais voilà, en partant d'une demande existante, il faut que sa réalité supposée reste dans l'équation créative. Cette dose de lucidité vous prépare à la suite. Continuons. Parce qu'ayant dit cela, l'ambition n'exclut pas le sens des étapes, bien au contraire. Dans la méthode Lean Startup, encore elle, très efficace, on peut, grâce au MVP, confronter une idée, aussi folle soit-elle, à son marché et à moindre coût, voire même à coût zéro. C'est le marché qui nous rend dans tous les cas plus lucides, que ce soit pour une confirmation ou une éventuelle douche froide. Vous pouvez de même faire appel au concept d'effectuation, faire avec ce qu'on a. L'effectuation, c'est un concept forgé par une prof de philo américaine, et il est très en vogue dans le milieu entrepreneurial, non seulement pour sa glorification de la frugalité, mais surtout pour la rigueur intellectuelle qu'elle implique, à savoir s'imposer d'accomplir des choses avec les ressources dont on dispose. C'est une créativité orientée par vos moyens. Ce que le directeur général de Mozilla Europe appelle le bidouillage 2.0. J'aime bien cette expression. Cette débrouillardise s'oppose à l'excès de planification qui empêche d'être pragmatique dans l'implémentation de l'offre. Avec cet équilibre et ces conseils en tête, aucun doute, vous allez être prêt pour passer à une étape plus structurée. Restez avec moi.

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