Alexandre Dubois-Descours, baron puis marquis de La Maisonfort, né en 1680 et mort en 1754, est un officier de marine français[1], [2].

Alexandre Dubois-Descours, marquis de La Maisonfort
Alexandre Dubois-Descours, marquis de la Maisonfort, et son fils François Alexandre Philippe.
Biographie
Naissance
Décès
Activité
signature d'Alexandre Dubois-Descours
Signature
Signature sur l'acte de mariage avec Catherine Chicoyneau (1736).

Son nom reste attaché au siège de Louisbourg (1745), capitale de l'établissement français de l'Île-Royale (aujourd'hui île du Cap-Breton). Durant cet épisode de la guerre de Succession d'Autriche, les forces coloniales de Nouvelle-Angleterre, aidées par la flotte britannique, assiègent et prennent le port canadien de Louisbourg. Alexandre de la Maisonfort, commandant du vaisseau le Vigilant, est envoyé sur place avec armes et munitions. Mais tombé dans une embuscade, il doit baisser pavillon, après huit heures de combat et de lourdes pertes, face à un adversaire supérieur en nombre. Un manque de combativité lui sera reproché. Toutefois, son dossier d'officier met en avant sa valeur et son zèle.

Sa longue carrière lui permet de côtoyer un grand nombre d'officiers de marine de la première moitié du XVIIIe siècle.

Il est le grand-père paternel du général et écrivain Louis Dubois-Descours, marquis de la Maisonfort.

Famille

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Alexandre Dubois-Descours naît le à Alligny-Cosne. Il est fils de Gédéon Dubois-Descours et de Catherine Gillot. Baptisé le jour même, il a pour parrain Alexandre Gillot, écuyer, son oncle maternel, et pour marraine Marie de Longin (son arrière-grand-mère maternelle, épouse d'Alexandre Gillot « l'aîné »)[3].

Parents

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  • Gédéon III Dubois-Descours (ca 1648 - à Bitry), baron de La Maison Fort, seigneur de Bitry, Arquian, Favières et autres lieux, est officier des gardes puis grand-maître de l'artillerie de France. Il a pour frère et sœur :
    • François, mort en 1729 ;
    • Hélène Geneviève, qui épouse en 1703 Paul Edmé de La Bussière.
  • Catherine Gillot (ca 1662 - à Cosne-sur-Loire) est fille d'Alexandre Gillot, baron, seigneur d'Alligny (ca 1648 - à Alligny-Cosne) et de Geneviève Duval (morte le à Alligny-Cosne).

Frères et sœurs

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L'examen des registres paroissiaux d'Alligny-Cosne met en évidence l'existence de plusieurs frères et sœurs :

  • Geneviève, baptisée le  ;
  • Charles, baptisé le et inhumé le  ;
  • Anne, baptisée le et inhumée le suivant ;
  • Catherine, baptisée le  ;
  • François, baptisé le - fils posthume.

Épouses

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Le [4], Alexandre Dubois-Descours épouse en premières noces Anne-Marguerite Laurens-Renieri, d'origine vénitienne. Veuf le [5], il se remarie le à Versailles (paroisse Notre-Dame) avec Catherine Chicoyneau (1712[6] - 1763[7]), fille et petite-fille de Premiers médecins du roi par son père François Chicoyneau et son grand-père maternel Pierre Chirac.

Enfants

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De son union avec Catherine Chicoyneau, Alexandre Dubois-Descours a deux enfants :

  • François Alexandre Philippe, né le à Versailles[8]. Marié le à Guipronvel (Finistère) avec Marie Gabrielle Charlotte Anne de Kergadiou. Lieutenant de vaisseau. Décédé le à Cosne-sur-Loire[9] ;
  • Marie (Madeleine) Françoise, née le à Versailles[10]. Épouse de Hyacinthe Joachim Antoine Xavier de Pascal, marquis de Saint-Félix. Décédée après 1817 dans les environs de Narbonne.

Dans ses Mémoires[11], Louis Dubois-Descours, fils de François Alexandre Phiippe, confie que son père fut « éloigné du monde, dès sa plus tendre enfance, par une mère [= Catherine Chicoyneau] qui ne l'aimait pas parce qu'elle avait porté toutes ses affections sur un enfant qu'elle faisait élever en secret »[12].

Marquisat

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Le château de la Maisonfort à Bitry (Nièvre).

Par lettres patentes du [13] signées de Louis XV, la baronnie de La Maisonfort, « scituée dans l'étendue de l'Election de Gien et composée des Paroisses d'Argenou, Bitry et Ciez et de plusieurs fiefs et domaines en dépendans avec droit de haute, moienne et basse justice (..., qui) forment ensemble une étendue et un revenue considérable », reçoit « le titre et dignité de marquisat » comme « témoignage de l'e(s)time et de la distinction (que le Sieur Alexandre du Bois des Cours) mérite par sa naissance et son ancienne noblesse » et pour « reconnoitre par un titre d'honneur qui puisse passer a ses descendans les services qu'il a jusques icy rendus, et ceux qu'ont de même rendus ses ancestres dans les différens emplois militaires dont ils ont été honorés et dans toutes les occasions qu'ils ont eues de signaler leur valeur et leur attachement a la Gloire et aux interests de nôtre Etat »[14].

Ces lettres patentes sont enregistrées[15] les :

Carrière militaire

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La poupe de l’Agréable, sur lequel Alexandre Dubois-Descours fait campagne aux Indes occidentales en 1700-1701. Dessin de Jean Bérain (1697).

Le dossier d'officier de marine d'Alexandre Dubois-Descours, conservé aux Archives nationales de France[1], permet de retracer toute sa carrière.

Le , il entre comme page au service du comte de Toulouse, amiral de France. Reçu garde-marine à Brest le à 18 ans, il rejoint une expédition contre les corsaires de Salé (Maroc). Il participa à la campagne aux Indes orientales sur l’Agréable du chevalier de Châteaumorant, qui avait pour mission secrète de rapporter une importante cargaison d'or et d'argent. Le bateau ayant été attaqué sur le chemin du retour, le trésor aurait été enterré sur l'île Bourbon, où il est toujours recherché aujourd'hui.

Après une autre campagne jusque Cuba, il est promu enseigne de vaisseau le à 22 ans, sert en Méditerranée puis de nouveau aux Indes orientales. En 1706, il participe au siège de Barcelone. L’année suivante, il est chargé d’escorter des galions espagnols de Cadix à La Havane et Veracruz. Cette mission, longue de presque quatre ans, est couronnée de succès.

En 1711, il participe sur l'Astrée[16], commandée par Duguay-Trouin, à la bataille victorieuse de Rio de Janeiro.

Promu lieutenant de vaisseau le à 32 ans, il repart aux Indes orientales. De retour en 1716, il traverse une longue période d’inactivité due à la restriction des armements. Fait chevalier de Saint-Louis[17] le , il sert sur terre à Brest jusqu’en 1727 avant d'embarquer pour la Méditerranée sur le Brillant.

Le , il est promu capitaine de vaisseau à presque 51 ans. Second sur le Fleuron[18] en 1732, il effectue une campagne sur les bancs de Terre-Neuve, à Louisbourg, à Cadix puis le long des côtes d'Afrique, à la poursuite des corsaires de Salé.

De 1734 à 1744, il sert comme second ou commandant sur plusieurs vaisseaux, dont la plupart font partie de l’escadre de Brest. En , il est capitaine du Content[19] (60 canons) au sein de l'escadre du comte de Roquefeuil, lors de sa tentative d'invasion de la Grande-Bretagne.

Siège de Louisbourg

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Le siège de Louisbourg en 1745.

En 1745, alors qu'il commande le Vigilant (64 canons, 480 hommes d'équipage et 6 officiers), il reçoit la mission de livrer munitions et approvisionnements au port canadien de Louisbourg, assiégé par des troupes anglaises que commande William Pepperrell.

Après 35 jours de navigation, il arrive sur place au mois de mai. Par une fin d'après-midi, il se lance à la poursuite de Pepperrell. Mais il se retrouve devant l’escadre anglaise du commodore Peter Warren[20]. S'apercevant trop tard du piège[21], il tente de fuir. Pris pour cible par les cinq navires anglais, il essuie de nombreux tirs qui mettent en lambeaux ses mâts et ses voiles, causent 35 morts et 26 blessés. Il tente à nouveau de s'esquiver à la faveur la nuit. Mais rattrapé le lendemain matin, il doit se rendre. Fait prisonnier, il ne rentre en France que dix mois plus tard, en .

Sept ans plus tard, en sollicitant sa mise à la retraite, il affirmera avoir eu « le malheur d'etre fait prisonnier ; ce combat fut soutenu contre des forces bien superieures à celles du vaisseau qu'il montoit et il s'est rendu qu’à la dernière extrémité après avoir perdu beaucoup de monde et hors d’etat de se défendre »[1]. D’autres relations lui sont moins favorables. Au ministère de la Marine, on lui reprochera de s'être laissé détourner de sa mission et d'avoir insuffisamment combattu. La perte du Vigilant aura une double conséquence : matérielle en ce qu’elle prive les défenseurs de Louisbourg des secours qu’on leur envoyait ; psychologique car elle consacre la suprématie navale de l’Angleterre. Cependant, son dossier d'officier conclut que « tous les plants qu'il a levez dans tous les Ports et Rades ou il a relachés, les Journeaux et Relations qu'il a envoyé tant a Monseigneur le Comte de Toulouse qu'au Ministre sont des preuves de sa capacité et de son aplication au service »[1].

État de services

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Un mémoire autographe d'Alexandre Dubois-Descours, conservé dans son dossier d'officier de marine[1] , fournit un état de services détaillé :

Fin de vie

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Malgré ses demandes instantes, il ne reçoit plus aucun commandement. On l'affecte à la surveillance côtière de la pointe bretonne, pour prévenir d'éventuelles attaques anglaises.

En , il demande « la permission de se retirer ». Après 53 ans et demi de services comprenant 16 campagnes dont deux aux Indes orientales (l'une de trois ans, l'autre de trois ans et demi), ayant « essuyé deux combats », il met en avant que « son grand âge ne luy permet plus d'espérer de pouvoir rendre des services bien essentiels au Roy ». Il sollicite la « grâce (...) de ses appointements et des provisions de chef d'escadre ». On lui accorde une pension de 3 000 livres, payable « sur les invalides »[1].

Il jouit peu de sa retraite. Il décède à Bitry, au château de la Maisonfort, le , lendemain de son 74e anniversaire. Sa mort semble subite car l'acte de sépulture précise qu'il est « décédé (...) sans avoir pu recevoir les sacremens de l'Eglise ». Il est inhumé le 8 dans l'église paroissiale, en présence de plusieurs ecclésiastiques locaux, « dans le caveau des Seigneurs qui est sous la chappelle de la Ste Vierge »[26].

Références

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  1. a b c d e et f Archives nationales de France, Marine, B4, 50, ff.270–276 ; C1, 165, f.38 ; C7, 161 (dossier La Maisonfort).
  2. Lacour-Gayet, La marine militaire sous Louis XV (1910), 192s.
    Troude, Batailles navales de la France, I : 299.
  3. Archives départementales de la Nièvre - Alligny-Cosne. Acte baptistaire du 6 octobre 1680. En voici la teneur : « Le six Octobre 1680 nasquit & fut baptisé par le soubzsigné curé de ce lieu Alexandre filz de Messire Gedeon de bois des Cours escuyer Seigneur de la maison fort, Bitry, Argenou & plusieurs autres lieu & de Dame Catherine Gillot son espouse lequel a eu pour parrin Messire Alexandre Gillot escuier & son oncle maternel & pour maraine dame Marie de Longin tous deux soubzsignés ». Signé M de Longin, Pouré, Al. Gillot.
  4. « Minutes du notaire Denis Gabriel Lange ».
  5. Archives départementales de la Nièvre - Bitry - Acte de sépulture d'Anne Laurent du 30 novembre 1727.
  6. Née le 8 octobre 1712 à Montpellier, fille de François Chicoyneau, conseiller en la cour des comptes, aides et finances et chancellier de l'université de médecine de Montpellier, et de Dame Marie Chirac. Montpellier (Hérault). Archives communales. Paroisse Notre-Dame des Tables. Acte baptistaire du 13 octobre 1712. Parrain Monsieur Pierre Chirac, professeur de l'université de Montpellier et médecin ordinaire de M. le Duc d'orléans, grand-père de l'enfant ; marraine Dame Catherine Chicoyneau, épouse de Messire Gaspard de Trémolet, lieutenant du roy de la citadelle de Montpellier, sa tante paternelle. Folios 137 v° et 138 r°.
  7. Décédée le 20 avril 1763 au château de la Maisonfort, « munie des sacremens de l'Eglise » et inhumée le 22 en l'église de Bitry, « dans le caveau des seigneurs qui est sous la chapelle de la Sainte Vierge ». Archives départementales de la Nièvre. Bitry. Acte de sépulture du 22 avril 1763.
  8. Archives départementales des Yvelines - Versailles (paroisse Notre-Dame) - Acte de baptême du 13 décembre 1738.
  9. Archives départementales de la Niève. Cosne-sur-Loire (paroisse Saint-Jacques) - Acte de sépulture du 7 mai 1784. Bitry - Acte de sépulture du 8 mai 1784.
  10. Archives départementarles des Yvelines - Versailles (paroisse Notre-Dame) - Acte de baptême du 23 janvier 1747.
  11. La Maisonfort, Antoine-Philippe du Bois des Cours, marquis de. Mémoires d’un agent royaliste sous la Révolution, l’Empire et la Restauration : 1763-1827. Préf. de G. de Bertier de Sauvigny… – Paris : Mercure de France, 1998. Étude biographique. [1] et [2].
  12. voir page 41.
  13. « Minutes ou transcriptions authentiques d'actes émanés des rois Louis XIV et Louis XV expédiés par le secrétaire de la Maison du Roi et concernant le royaume ou des particuliers [1669-1786] ».
  14. Archives nationales de France. Registres du Parlement de Paris. Lettres patentes de Louis XV. X 1A 8748. Folios 372 v° à 374 v°.
  15. Hubert Lamant. Armorial général et nobiliaire français (1988) - Tome XVII - Fascicule 1.
    Souvenirs de la comtesse de Changy, née Rose Esther de la Maisonfort (1771-1850), écrits pour sa fille Léontine de Cavailhès. Notes généalogiques. Page VII.
  16. « Mémoire de René Duguay-Trouin ».
  17. « Histoire de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis ».
  18. « Maquette du vaisseau Le Fleuron ».
  19. « Histoire de la Marine Française par le comte de La Peyrousse Bonfils ».
  20. HMS Superb, 60 canons ; HMS Eltham, 40 canons, capitaine Philip Durell ; HMS Launceston, 40 canons ; HMS Mermaid, 40 canons ; HMS Shirley Galley, capitaine John Rous.
  21. « Histoire de la marine Française, par le Comte de la Peyrousse Bonfils ».
  22. père de François Julien du Dresnay.
  23. Mémoire pour le sieur Guimont du Coudray.
  24. « Généalogie de Jean de GOUYON BEAUFORT dit le chevalier de Gouyon », sur Geneanet (consulté le ).
  25. « Vaisseau, 1729 , LE FLEURON Vaisseau de 64 canons, Delacroix », sur Ancre (consulté le ).
  26. Archives départementales de la Nièvre. Bitry. Acte de sépulture du 8 octobre 1754. En voici la teneur : « L'an mil sept cent cinquante quatre le huit octobre a été inhumé en cette Eglise dans le caveau des Seigneurs qui est sous la chappelle de la Ste vierge avec les cérémonies ordinaires par moi curé soussigné le corps de Messire Alexandre Dubois Descours chevalier de l'ordre militaire de St louis Marquis de la Maison fort, Seigneur de cette paroisse de Bitri, d'Argenou, de Ciet (sic - pour Ciez) ancien capitaine des vaisseaux du roi décédé le jour précédent en son chateau de la Maison fort dépendant de cette paroisse agé de soixante et quatorze ans sans avoir pu recevoir les sacremens de l'Eglise. A laquelle inhumation ont assisté Messieurs les Curez d'Argenou, Dampierre, Saint Amand, Bouhi, Treigni, Monsieur Guerin chanoine de Cosne, Monsieur le prieur de l'abbaye de Roches, Monsieur Morel prêtre de la paroisse de Treigni, M. le vicaire de Dampierre, M. Tabois desservant du prieuré de St Vrain et autres dont plusieurs ont signé avec nous ». Signé F. Guerin chan. de Cosne, F. Le Maitre prieur des Roches, Leconte curé d'Argenou, Fusier curé de Bitri, Taboy desservant de St Verain.

Sources et bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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